Il y a une quinzaine d’années maintenant, quelques dizaines de disquaires indépendants firent front à l’inexorable numérisation de la musique en ressuscitant le raffinement analogique. L’événement annuel Disquaire Day, organisé tout d’abord en Amérique du Nord puis étendu à l’Europe depuis 2010, fut le moteur de cette insurrection.   

Remettre au gout du jour le divin vinyle dans ce monde de dématérialisation musicale était un combat qui semblait perdu d’avance. Aujourd’hui pourtant, si les plateformes de streaming sont évidemment omniprésentes, les disques vinyles ont repris de sérieuses couleurs et ont relégué le glacial Compact Disc au rang d’épiphénomène.

Ceux qui ont connu les années 60, 70 et 80, sont forcément nostalgiques du plaisir intense de tenir en mains un disque vinyle de l’un de ses artistes préférés, de l’émotion procurée par l’extraction dudit vinyle de sa pochette, du toucher rugueux de ces galettes de plastique généralement noir, et des merveilleux craquements provoqués par la rencontre de la pointe de diamant de la platine et des microsillons.  

Faire un peu de publicité pour cette journée, cette année prévue le samedi 23 avril, n’est donc pas une corvée et invite plutôt les jeunes générations à découvrir que l’abstrait ne remplace pas toujours le plaisir du physique. Parmi la myriade de pépites et de raretés mises sur le marché pour l’occasion, voici une sélection non exhaustive des artistes habituellement entrevus sur le blog.

Commençons avec la discrète et trop rare folkeuse Britannique Beth Orton. Deux de ses sublimes albums, Central Reservation et Trailer Park, sont pour la première fois édités en version vinyle.

Les Rentals de Matt Sharp et le guitariste des Yeah Yeah Yeahs, Nick Zinner, se fendent carrément pour l’occasion d’un nouvel album, The Midnight Society, bande originale imaginaire et atmosphérique du podcast paranormal du même nom.

Les fantasques Happy Mondays voient leur dernier album (certes pas le meilleur…), Uncle Dysfunktional sorti en 2007, réédité dans une double galette de vinyle rose de très bon gout.

La compilation B-sides & Live (2001-2005) des légendes Britanniques d’Echo & The Bunnymen, déjà sortie en numérique en 2007, a droit aussi aujourd’hui à sa version vinyle.

Une curiosité collector plus qu’un grand intérêt musical ensuite pour Bustin’ + Dronin’, compilation de remixes et de titres live des Anglais de Blur.

Avant la sortie du brillant Small World, les Metronomy avaient sorti en digital le Posse EP Volume 1, disque contenant cinq morceaux inédits interprétés en collaboration avec quelques nouveaux venus de la scène musicale.

L’immense Nick Cave, toujours accompagné de ses fidèles Bad Seeds, réédite en double vinyle son Live Seeds sorti initialement en 1994.

Le glam rock des londoniens de Suede est lui aussi mis à l’honneur, pour les vingt-cinq ans d’anniversaire de la compilation Sci-Fi Lullabies, Brett Anderson et ses acolytes rééditent en trois LP les faces B issues des singles de leurs trois premiers albums, l’éponyme Suede, Dog Man Star et Coming Up.  

Terminons cette revue avec les mythiques Pixies qui, après dix années de séparation, s’étaient réunis un soir de 2004 pour un gig légendaire dans le cadre du festival de Coachella. Cette indispensable prestation est donc aujourd’hui pressée en vinyle sous le nom de Live From Coachella 2004.