LE BEST OF MUSICAL DE 2018
En cette fin d’année, l’heure est aux bilans et à la distribution des bons points de l’actualité musicale. A l’instar de ses devancières, 2018 a conservée, malgré les tensions et la morosité ambiante, cet élan créatif indispensable à l’originalité et à la diversité. Rendons donc hommage à ces artistes qui éclairent encore une fois quelques lanternes dans la grisaille environnante…
Bien entendu, comme rappelé à chaque fois, cette liste est non exhaustive et totalement subjective…
Les Meilleurs :
En ces temps où le jaune semble animer les débats, tournons-nous vers le vert, celui de l’espoir et surtout celui de Superorganism. Le collectif cosmopolite donne quelques leçons de savoir vivre ensemble et de savoir-faire pop sur son fabuleux premier opus éponyme.
Dorlotée à l’indie-rock nineties, l’américaine Greta Kline, alias Frankie Cosmos, restitue sur son troisième opus Vessel cette ambiance où les Built To Spill, Pavement et Adam Green étaient les rois.
Les britanniques de Tunng enjolivent nos nuits rêveuses avec la pop céleste de leur sixième album studio, Songs You Make At Night.
Déjà peu avares de chefs-d’œuvre, le britannique Jason Pierce et ses Spiritualized sortent un nouvel opus majeur dans la lignée fantastique du Deserter’s Songs des américains de Mercury Rev, le mélancolique et sublime And Nothing Hurt.
Bruce Springsteen et Dire Straits inspirent l’américain Will Sheff sur le lumineux neuvième opus de ses Okkervil River, In The Rainbow Rain.
Après la nervosité rock la chanteuse nippo-américaine Mitski explore les rivages apaisés de l’electropop et du folk sur l’hétéroclite et fantastique Be The Cowboy.
Noyée dans le conformisme rock sans saveur des Duke Spirit, l’on n’avait pas encore flairé le potentiel fantastique de la britannique Liela Moss. Le folk crépusculaire de My Name Is Safe In Your Mouth corrige aujourd’hui magnifiquement cette erreur.
Qui croyait encore réellement en l’avenir des américains de Born Ruffians ? Après deux exercices assez médiocres, le phénix renait de ses cendres et produit certainement son meilleur album à ce jour, l’excellent Uncle, Duke & The Chief.
Le chant de sirène de la fée Karen Peris envoute les petites ritournelles minimalistes du nouvel opus des américains de The Innocence Mission, Sun On The Square.
Dans ce bilan annuel assez « tranquille », il fallait que quelqu’un vienne foutre le bordel ! Les furieux britanniques de Idles prennent ce rôle à bras le corps avec les douze brulots survoltés de leur second opus, Joy As An Act Of Resistance.
Les Outsiders :
Ils ne sont pas dans la liste de mes dix « préférés », mais ils le seront certainement pour beaucoup d’autres :
L’américaine Chan Marshall, alias Cat Power, installe son nouvel opus studio Wanderer à la frontière du dépouillement, dans un écrin soutenu uniquement par le son divin de sa voix.
La rémoise Jeanne Added sort de la noirceur de son premier exercice, Be Sensational, et plonge dans la clarté synthpop de son nouvel opus, Radiate.
Alors qu’il semblait que l’avenir des Dirty Projectors était fortement compromis, David Longstreth revient plus fort que jamais avec un album dans la veine de son chef-d’œuvre Swing Lo Magellan, le lumineux Lamp Lit Prose.
Disparu depuis plus de dix ans, les Razorlight renaissent de leurs cendres sur l’addictif Olympus Sleeping. L’on n’attendait plus grand-chose du combo londonien mais l’on avait tort, Johnny Borrell et ses acolytes relancent une mécanique rock qui était pourtant bien grippée à l’époque de Slipway Fires.
La grenade marseillaise Clara Luciani explose à la face du grand public grâce à son lumineux premier opus, Sainte-Victoire.
Après sa collaboration éblouissante avec l’australienne Courtney Barnett, l’américain Kurt Vile ouvre en solo ses chakras pop sur son nouvel opus, Bottle It In.
Les américains de MGMT sonnent le rappel des fans perdus dans les méandres psychotiques de leurs deux précédents opus grâce à la synthpop tubesque de Little Dark Age.
Bienvenue au pays des rêves ! Le néerlandais Jacco Gardner concocte une fable spatio-médiévale instrumentale pour apaiser nos cauchemars nocturnes, le magnifique Somnium.
Dans une approche musicale qui rappelle parfois le génie du grand Alain Bashung, le rock déglingué et antédiluvien du nouvel album des perpignanais de The Limiñanas, Shadow People, est une pure merveille.
Perdu de vu depuis 2011 après la sortie du mitigé Brilliant! Tragic!, c’est avec grand plaisir que nous retrouvons aujourd’hui le combo londonien Art Brut, son incroyable chanteur Eddie Argos et les arpèges barbares de leur nouvel opus Wham! Bang! Pow! Let’s Rock Out!.
Ils auraient aussi pu en être :
La liste des bons albums de cette année 2018 serait décidemment trop longue, voici tout de même encore une dizaine d’artistes qui ont marqué les esprits :
Le collectif rennais Mermonte sort son troisième opus, Mouvement, patronyme certainement inspiré de l’élan perpétuel et de la grande originalité de sa musique.
Avec ce Tell Me How You Really Feel très réussi, l’australienne Courtney Barnett continue son ascension vers les sommets de l’Olympe de l’underground rock… où trônent déjà les déesses PJ Harvey et Liz Phair.
Il était temps pour Johnny Marr de sortir enfin de l’ombre trop prégnante de Steve Morrissey. Dans un format rock des plus conventionnels, il concocte avec Call The Comet quelques mélodies bien senties, taillées pour époumoner les amateurs de fluidité musicale et de fredonnement.
Fini la plaisanterie ! Il faut maintenant définitivement prendre au sérieux les américains de Parquet Courts. Leur bien nommé Wide Awake! démontre que le quatuor développe d’album en album son savoir-faire harmonique et son art dans la maitrise de l’addiction.
Ye est un chef-d’oeuvre de sept plages, sept merveilles du monde, sept manières d’éloigner le rappeur Kanye West de ses propos blasphématoires et de le réconcilier musicalement avec son public.
A l’instar de sa compatriote Frankie Cosmos avec son magnifique Vessel, la toute jeune Lindsey Jordan, alias Snail Mail, conjugue brillamment sur son premier exercice Lush le renouveau de l’indie-rock américain au féminin.
Avec leur nouvel opus, Felt, les canadiens de Suuns prennent un malin plaisir à sortir des chemins balisés, à casser les codes, à ne rien faire comme tout le monde… et c’est finalement cette propension pour le chaos que l’on adore chez eux.
Le mélange du chant de crooner du britannique Baxter Dury, des boucles synthétiques du DJ lyonnais Etienne de Crécy et des efforts vocaux de la déjantée londonienne Delilah Holliday est une réussite. Leur B.E.D est un ovni de synthpop simple, apaisante, atypique et fantastique.
Les rockfarmers de Mont-de-Marsan The Inspector Cluzo s’internationalisent et gagnent enfin avec We The People Of The Soil cette visibilité qui leur permet de passer de la rudesse de l’agriculture au rang de star de la scène rock hexagonale.
Il faut bien sûr faire quelques concessions avant d’accepter les tortures mentales de Dead Magic, mais une fois que l’on est habitué aux ténèbres, l’on ne peut alors que vénérer les harmonies sataniques de la grande prêtresse suédoise Anna von Hausswolff.
Les Divines Surprises :
Des groupes que l’on attendait plus, des légendes au sommet de leur forme et des remix salvateurs, voici quelques-unes des belles surprises que nous a réservé l’année 2018 :
Commençons avec le retour le plus invraisemblable ! Après tant d’années d’égarements musicaux (mais de grande réussite commerciale…), les anglais de Muse redorent quelque peu leur blason avec l’approche synthétique salvatrice de leur dernier opus, Simulation Theory.
A l’époque où tous les dinosaures du rock sont en train de s’éteindre, une petite lueur irradie encore les arpèges magiques du légendaire Paul McCartney. Plus de cinquante ans après l’avènement des Beatles, le septuagénaire de Liverpool produit avec Egypt Station, l’un de ses meilleurs albums solos à ce jour.
L’on pensait que les Breeders avaient bel et bien rendu l’âme au siècle dernier, broyés par les trop nombreuses sautes d’humeurs de son ombrageuse meneuse, l’américaine Kim Deal. Mais c’était mal connaitre l’esprit d’abnégation de la native de Dayton, All Nerve est une réussite remarquable qui relègue au second rang le retour des Pixies.
Écouter un album inédit des Dead Can Dance est devenu de nos jours un plaisir très rare. La réunion du londonien Brendan Perry et de la native de Melbourne Lisa Gerrard, sur leur nouvel et neuvième opus studio, Dionysus, est donc un événement à ne surtout pas rater.
Le duo français Justice invente le trait d’union entre best-of et album live. Woman Worldwide est un reboot réussi, un objet pour le moins inattendu, revigorant et détonant.
Le(s) Flop(s) :
Avec le temps, peut-être suis-je devenu trop indulgent, mais à mon sens l’année 2018 n’a pas connu de grands « cataclysmes musicaux ». La seule déception notable cette année vient, à mon gout, des Arctic Monkeys. Le combo britannique a produit un album aux sons jazzy à la gloire de son crooner, Alex Turner. Tranquility Base Hotel & Casino est très agréable à entendre, mais provoque globalement peu d’émotions, voire même une certaine indifférence. Mais pas d’inquiétude cela-dit, certains ayant au contraire encensés cet opus, son incidence négative (ou positive selon le cas) sur la carrière du quatuor de Sheffield sera donc anecdotique.