La Playlist de Pop-Rock Scandinave
Loin d’avoir la prétention de produire une liste exhaustive de la pléthore de groupes de pop, de rock, de folk, de métal et que sais-je encore, qui arpentent les terres scandinaves, la playlist ressence plutôt les artistes qui ont à un moment marqué mon parcours musical.
Avant que les historiens et géographes de tous bords ne me tombent sur le paletot, précisons ici que le terme « Scandinavie » est utilisé au sens large et qu’en plus des trois monarchies constituantes que sont normalement le Danemark, la Suède et la Norvège, il intègre aussi pour l’occasion la Finlande et l’Islande.
Ce voyage dans les mystérieuses terres nordiques commencent dans les années 90, une époque où le rock sans concession était encore l'une de mes variantes harmoniques préférées. Le punk-rock bubblegum des Suédois de The Wannadies, ou plus furieux de leurs compatriotes de The Hives, sonnait ainsi dans mes oreilles comme une douce ritournelle. Mais quelques « parasites » plus éthérés, plus pop, plus synthétiques, sont alors venus ébranler les bases de ma perception. L’album Homogenic de l’islandaise Björk, qui jusque-là je l’avoue m’avait laissé indifférent, a mis une grande claque à mes certitudes musicales. La brèche était alors ouverte et se sont très vite engouffrés le sublime Ágætis byrjun des magiciens Islandais de Sigur Rós et, avec un peu de retard à l’allumage, le Whiskey du gracile crooner Suédois Jay-Jay Johanson.
Les boucles électroniques des Islandais de Gusgus et de Múm, la gaité des Suédois de Peter, Bjorn and John et de I’m From Barcelona, et les tourments de la troublante Suédoise Karin Elisabeth Dreijer, que les fans de la série Vikings connaissent mieux sous le nom de Fever Ray, sont alors devenus mon pain quotidien. Ce glissement vers des rivages plus langoureux m’a ensuite plongé dans la folk-music fabuleuse des Simon & Garfunkel Norvégiens, Kings Of Convenience, ou encore dans celle de la diva Danoise Agnes Obel. A l’instar de votre serviteur, les trolls et les elfes en tous genres se délectent aussi des bienfaits de l’electropop, tubesque évidemment lorsqu’elle est pratiquée par la star Suédoise Lykke Li, dansante quand les Norvégiens de Röyksopp la mettent en boite… à rythme, ou un brin shoegaze lorsque les Suédois de The Radio Dept la malmènent un peu.
Parmi cette pluie d’étoiles nordiques, certains artistes oubliés ou injustement méconnus méritent une petite séance de rattrapage. L’album The World Is Saved, par exemple, de la divine folkeuse Suédoise Stina Nordenstam, sorti en 2004 et qui reste malheureusement sa dernière réalisation à ce jour. Déplorons aussi la disparition du combo d’indie-rock finlandais, Rubik, dont l’album Dada Bandits a laissé de biens beaux souvenirs. Bang Gang, groupe Islandais emmené par Barði Jóhannsson, est lui toujours en activité, mais sa production, notamment portée par la pop aérienne du superbe Something Wrong, n’a jamais connu la reconnaissance qu’elle aurait mérité. Même combat pour le duo de Stockholm JJ, dont le merveilleux n° 3 est un chef-d’oeuvre de spleen synthpop. Les amateurs d’angoisses et de frayeurs doivent enfin se jeter sur le travail de la sorcière suédoise Anna Von Hausswolff, le tourmenté et funeste Dead Magic est à ce titre un incontournable du genre.
Si le pop-rock scandinave n’est finalement pas si différent de celui des autres régions du monde, il véhicule toutefois cette aura mystérieuse qui sublime la beauté mélancolique, la magnificence des paysages et le culte du terroir des nations nordiques.