CAT POWER – Covers (2022)
Ne soyons pas dupes! Les albums de reprises sont parfois les paravents qui masquent les pannes d’inspiration. Mais pour Chan Marshall, déjà rompue à l’exercice, ce travail s’apparente plutôt à de la sublimation.
Après The Covers Records en 2000 et Jukebox en 2008, voici donc que l’américaine rend pour la troisième fois hommage à quelques-uns de ses congénères sur le fabuleux Covers.
Les choix et les goûts de Cat Power sont pour le moins éclectiques. De la soul de la gigastar californienne Frank Ocean sur le langoureux Bad Religion, en passant par le rock des Dead Man’s Bones, obscur combo emmené par l’acteur Ryan Gosling, sur Pa Pa Power, jusqu’au folk celtique des légendaires The Pogues et de l’inénarrable Shane McGowan sur la grandissime complainte A Pair Of Brown Eyes, rien ne fait décidément peur à la native d’Atlanta. Invitée tout au long de sa carrière à distiller son chant extraordinaire sur les albums de moult artistes, citons pour la diversité les exemples des Français de Cassius, de la controversée Yoko Ono, ou encore du duo américain de hip-hop Handsome Boy Modeling School, Chan Marshall est habituée à travailler pour les autres. Cela se ressent sur cet opus, sa voix tout à la fois suave et mélancolique se love à merveille dans la lenteur majestueuse des accords du White Mustang de la diva Lana Del Rey, du Endless Sea de notre Iguane préféré Iggy Pop, d’I Had A Dream de l’inconsolable Nick Cave, ou encore de la revisite de l’un de ses propres titres, Hate, pour l’occasion renommé Unhate.
L’américaine referme l’album avec I’ll Be Seeing You de la grande Billie Holiday. Sans essayer d’égaler la tessiture vocale incroyable de la divine jazzwoman de Philadelphie, Chan Marshall rend une copie emplie de justesse et d’émotion.
Avant de retrouver Cat Power avec de nouvelles compositions, Covers, exercice de style très réussi, est un fragment de curiosité capable de combler, pour un temps, nos très longues attentes.
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