PJ HARVEY – Dry-Demos (2020)
Il y a vingt-huit ans déjà, l’anglaise Polly Jean Harvey écrivait sa propre légende avec le cultissime Dry. L’album est devenu l’une de ces références incontournables du rock indépendant que l’on accroche comme un boulet à la carrière d'un artiste… surtout si celle-ci est par la suite loin d’être exemplaire.
Fort heureusement, la native du Dorset n’a pas ce genre de problème et ne s’est depuis jamais trompée. P.J. Harvey n’a eu de cesse, et souvent à contre-courant, de paver son parcours de chefs-d’œuvre, pour exemples les extraordinaires Rid Of Me, To Bring You My Love, Is This Desire ? ou plus récemment Let England Shake.
Sur cette version Demos, exit les fioritures harmoniques et le son rocailleux du grunge-rock, ce qui ressort principalement ici est le chant félin et surpuissant de l’originaire de Bridport. La « mise à nu » de cette mouture musicale spartiate est d’ailleurs bien figurée par la photo de la pochette de cet opus, avec P.J. Harvey nue elle aussi dans son bain. Attention, à l’instar de ce que faisait autrefois MTV avec son programme Unplugged, la belle ne retranscrit pas ses morceaux en version acoustique, la vision est certes plus intimiste mais les jeux de guitare par exemple de Victory ou de Joe ne perdent rien de leur intensité. A l’inverse, les brûlants Dress et Sheela-Na-Gig, délestés de leurs artifices sulfureux, exposent tout le potentiel de leur essence mélodique. Cette version dépouillée et sans fard de ce mythique album gagne donc en force d’interprétation ce que finalement elle perd en puissance de frappe.
L’on pourra bien sûr reprocher à P.J. Harvey une réédition bassement mercantile, puisqu’il est vrai que ces démos étaient déjà sorties en 1992 avec la version deluxe de Dry, mais ce souvenir de jeunesse empli de justesse et de fulgurances nous rappelle aujourd’hui à l’évidence pourquoi l’aura mirifique de la grande prêtresse du rock britannique n’a jamais cessé de briller.