MOGWAI – ZeroZeroZero (2020)
De qui parle-t-on ? :
Groupe écossais, actif depuis 1995, composé de Stuart Braithwaite, Martin Bulloch, Dominic Aitchison et Barry Burns.
De quoi parle-t-on ? :
La lenteur et l’ambient sont les maitres-mots principaux de cette nouvelle bande originale.
Rythme :
- Je me suis endormi dans mon fauteuil
- Ne me perturbe pas quand je lis en même temps
- Mes pieds se mettent à bouger
- Je me lève et je fais la danse de l’épaule
- Mes enfants sautent comme des cabris dans la pièce
Cet album est un éloge de la lenteur harmonique.
Accessibilité :
- Après plusieurs écoutes je n’ai toujours pas saisi la mélodie
- Plusieurs écoutes sont nécessaires avant d’apprécier la mélodie
- Mélodie agréable mais sans aspérité
- Les refrains entrent directement dans ma tête
- Que des hits taillés pour les stades
Les mélodies sont certes belles, mais l’effet un peu angoissant de l’ensemble ne permet pas de les apprécier instantanément.
Audience :
- Musique que madame me demande de réécouter
- Peut-être écouté en famille sans déranger madame
- Madame s’en va quand je l’écoute
- Tellement bizarre que je fais attention d’être seul pour l’écouter
- Tellement bruyant que mes voisins ne me parlent plus
A quelques exceptions près, les bandes originales de séries ou de films rencontrent assez peu le succès populaire.
Qualité audiophile :
- J’ai l’impression que c’est mon voisin qui écoute l’album
- Le format MP3 n’altérera pas trop l’écoute
- S’écoute impérativement en format non compressé (CD ou autre)
Même si le schéma ambient est aujourd’hui plutôt monocorde, il serait dommage d’écouter cet ensemble dans la petitesse de la compression.
Conclusion :
- Je l’ai écouté une fois mais c’est une fois de trop
- Après plusieurs écoutes j’ai du mal à m’y faire
- Je l’écoute facilement mais sans émotion
- J’ai beaucoup de plaisir à l’écouter (7)
- Il tourne en boucle sur ma platine
Aujourd’hui passés grands maitres dans l’art de la confection de bandes originales de films, de séries et de documentaires, les écossais de Mogwai nous offrent leur dernière réalisation dans ce domaine, l’accompagnement musical des huit volets de la sulfureuse production italienne, ZeroZeroZero.
Arrivé sur Bandcamp un peu par surprise au début du mois de mai, l’album était téléchargeable pendant huit jours en échange d’un écot dont le montant était à la discrétion de l’auditeur. L’argent ainsi récolté, en raison évidemment de l’âpreté économique et sociale de la période de confinement, sera également réparti entre un fond de soutien aux musiciens britanniques et la NHS Charities, le service de santé publique de la Grande-Bretagne.
Diffusée en France par Canal+, comme autrefois Les Revenants, la série aborde les thèmes récurrents et éculés de la mafia, la drogue, le meurtre et autres joyeusetés liées à ce monde très opaque. Mais notre intérêt ici est évidemment ailleurs, dans la construction harmonique une nouvelle fois impeccable du combo de Glasgow. Constitué de vingt-et-unes pièces, pour la plupart au format court, cet ensemble ne se dérobe pas de son but ultime, s’amalgamer à l’image et soutenir la narration de la série. Dès les premières notes de Visit Me l’on reconnaît la patte lumineuse du quatuor britannique. L’industriel et tourmenté I’m Not Going When I Don’t Get Back fait monter d’un cran la tension nerveuse. C’est le calme plat de l’ambient qui entre ensuite en piste avec Telt. L’angoissant Chicken Guns, dans la continuité harmonique du titre précédent, est une plongée dans les limbes de l’obscurité. L’ambiance principalement lancinante de cet ensemble, parfois simplement accompagnée par la beauté du piano et escorte idéale de l’atmosphère délétère et violente de la série, offre encore quelques grands moments, les superbes Space Annual, Don’t Make Me Go Out On My Own, Frog Marching, Major Treat et Rivers Wanted.
ZeroZeroZero n’est certes pas la meilleure bande originale des Mogwai, elle ne contient pas de titres fédérateurs qui permettent d’identifier instantanément la série comme le furent autrefois Hungry Face pour Les Revenants et Ether pour Atomic, mais elle atteint avec brio ses objectifs, accentuer les effets anxiogène et fataliste de la production du réalisateur romain Stefano Sollima.