IAM – Yasuke (2019)
De qui parle-t-on ? :
Groupe français, actif de puis 1989, composé de Geoffroy Mussard (Shurik’n), Philippe Fragione (Akhenaton), Eric Mazel (Kheops), Pascal Perez (Imhotep) et François Mendy (Kephren).
De quoi parle-t-on ? :
Comme à son habitude, le combo fond son flow enivrant dans le hip-hop old school dont il a le secret.
Rythme :
- Je me suis endormi dans mon fauteuil
- Ne me perturbe pas quand je lis en même temps
- Mes pieds se mettent à bouger
- Je me lève et je fais la danse de l’épaule
- Mes enfants sautent comme des cabris dans la pièce
Hip-hop au rythme lancinant soutenu par une beatbox entêtante.
Accessibilité :
- Après plusieurs écoutes je n’ai toujours pas saisi la mélodie
- Plusieurs écoutes sont nécessaires avant d’apprécier la mélodie
- Mélodie agréable mais sans aspérité
- Les refrains entrent directement dans ma tête
- Que des hits taillés pour les stades
La verve intense d’Akhenaton et de Shurik’n ne s’apprécie qu’après plusieurs écoutes.
Audience :
- Musique que madame me demande de réécouter
- Peut-être écouté en famille sans déranger madame
- Madame s’en va quand je l’écoute
- Tellement bizarre que je fais attention d’être seul pour l’écouter
- Tellement bruyant que mes voisins ne me parlent plus
La sortie d’un nouvel album d’IAM est toujours un évènement très suivi dans notre bel hexagone.
Qualité audiophile :
- J’ai l’impression que c’est mon voisin qui écoute l’album
- Le format MP3 n’altérera pas trop l’écoute
- S’écoute impérativement en format non compressé (CD ou autre)
Le style musical simpliste et le flow limpide supportent bien les affres de la compression.
Conclusion :
- Je l’ai écouté une fois mais c’est une fois de trop
- Après plusieurs écoutes j’ai du mal à m’y faire
- Je l’écoute facilement mais sans émotion
- J’ai beaucoup de plaisir à l’écouter (7)
- Il tourne en boucle sur ma platine
Tous les éléments sont bien en place, la référence à la culture japonaise, les flows monocordes et vindicatifs de Shurik’n et d’Akhenaton et l’accompagnement musical minimaliste… mais il n’est évidemment pas question de reprocher à IAM un quelconque manque d’évolution, car c’est l’art du discours qui est une nouvelle fois mis en avant sur le lumineux Yasuke.
L’album démarre avec un petit rappel à l’ordre aux faux prophètes du rap sur le soutenu Omotesando. Hommages croisés ensuite aux milliers de migrants qui tentent désespérément de rejoindre l’Europe au travers de l’histoire de l’esclave africain Kurusan Yasuke, symbole libertaire de ce dixième opus, devenu en d’autres temps samouraï et héros légendaire au pays du soleil levant. Le quintette aborde toujours les thèmes qui lui sont chers, les bons ou les mauvais choix de la jeunesse sur Mosaïque, l’attachement à Marseille et la volonté de sortir des clichés du « quartier » sur l’intense Self Made Men ou les faux-semblants trompeurs sur Les Choses, Telles Qu’elles Paraissent. On l’aura compris, le poids des mots et de la rime est une nouvelle fois plus important chez IAM que le choc musical, les seize titres de ce nouvel opus s’imposent comme le reflet pamphlétaire de notre sombre quotidien.
Yasuke est donc un très bon cru. A l’instar des immenses Wu Tang Clan outre-Atlantique, IAM n’est pas le groupe le plus mainstream et le plus vendeur du hip-hop hexagonal, mais il force simplement le respect de ses pairs les rares fois où il décide de distiller sa parole.