IAM – Rêvolution (2017)
De qui parle-t-on ? :
Groupe français, actif de puis 1989, composé de Geoffroy Mussard (Shurik’n), Philippe Fragione (Akhenaton), Eric Mazel (Kheops), Pascal Perez (Imhotep) et François Mendy (Kephren).
De quoi parle-t-on ? :
Le style n’a pas beaucoup changé, toujours ce hip-hop des années 90 agrémenté pour l’occasion de quelques sonorités reggae, soul et R’n’B.
Rythme :
- Je me suis endormi dans mon fauteuil
- Ne me perturbe pas quand je lis en même temps
- Mes pieds se mettent à bouger
- Je me lève et je fais la danse de l’épaule
- Mes enfants sautent comme des cabris dans la pièce
Toujours ce rythme mid-tempo et cette beatbox entêtante qui entrainent la célèbre danse des bras des rappeurs.
Accessibilité :
- Après plusieurs écoutes je n’ai toujours pas saisi la mélodie
- Plusieurs écoutes sont nécessaires avant d’apprécier la mélodie
- Mélodie agréable mais sans aspérité
- Les refrains entrent directement dans ma tête
- Que des hits taillés pour les stades
On ne change pas une équipe qui gagne, malgré quelques nouvelles idées sonores, le flow ininterrompu d’Akhenaton et Shurik’n est toujours l’ingrédient principal de cet ensemble… et il faut prendre un peu de temps pour s’en imprégner.
Audience :
- Musique que madame me demande de réécouter
- Peut-être écouté en famille sans déranger madame
- Madame s’en va quand je l’écoute
- Tellement bizarre que je fais attention d’être seul pour l’écouter
- Tellement bruyant que mes voisins ne me parlent plus
La maitrise de la langue et de la rime d’IAM plait énormément au grand public, Rêvolution contient de plus deux ou trois singles à très fort potentiel (Monnaie De Singe, Grands Rêves, Grandes Boites, …).
Qualité audiophile :
- J’ai l’impression que c’est mon voisin qui écoute l’album
- Le format MP3 n’altérera pas trop l’écoute
- S’écoute impérativement en format non compressé (CD ou autre)
Le rap est par essence le mètre étalon de la musique compressée.
Conclusion :
- Je l’ai écouté une fois mais c’est une fois de trop
- Après plusieurs écoutes j’ai du mal à m’y faire
- Je l’écoute facilement mais sans émotion
- J’ai beaucoup de plaisir à l’écouter
- Il tourne en boucle sur ma platine
Il y a quelques jours, dans l’émission Quotidien, Yann Barthès brocardait gentiment les membres d’IAM, présents sur le plateau, en sous-entendant que le combo était devenu un « monument » de la chanson française, telle une statue poussiéreuse rangée pour l’éternité sous les ors de la république. Après mûre réflexion, le terme « monument » n’est peut-être pas si péjoratif lorsqu’on l’applique au collectif marseillais, la poésie musicale vindicative d’IAM n’est pas si éloignée des textes populaires de Georges Brassens ou de Renaud, et même si le style rebute encore quelques puristes de la langue française, il a cette petite étincelle singulière qui le rend unique en son genre.
Le huitième opus des phocéens n’échappe donc pas à cette règle, sans réelle révolution ou évolution, IAM répand une nouvelle fois la bonne parole hip-hop auprès d’un peuple déprimé, au bord de la crise de nerf. Le discours du quintette est plus posé, moins manichéen, mais depuis vingt-cinq ans son flow se déverse malheureusement sur les mêmes maux et les mêmes constats d’échecs. Quelques artifices sonores inhabituels, comme le R’n’B de Grands Rêves, Grandes Boites, le reggae de Rigamortis ou la soul de Bien plus beau, parent les propos acerbes scandés par Akhenaton et Shurik’n. Le point d’orgue de Rêvolution est le single Monnaie De Singe, pamphlet contre les réseaux sociaux manipulateurs et le racisme latent qui, tel un cancer, commence à ronger les consciences les plus hermétiques…
Les maitres de la rime et du beat confirment donc leur statut de chef de file du rap français. Cette prose de rêve et ces mélodies dépourvues d'évolution font souffler un léger vent de révolte... et d’espoir sur notre morne quotidien.