Déjà remarqués un an auparavant avec le brillant Surfer Rosa et son impérissable single Where Is My Mind, les Pixies sortent au printemps 1989 leur second opus, Doolittle. Cet exercice de prime abord assez convenu, fait d’une alternance de popsongs et de titres très agressifs, va tout bonnement devenir l’un des chefs-d’œuvre majeurs de l’histoire du rock.

L’album contient tout le savoir-faire du quatuor de Boston, le « compromis » grand public avec la pop addictive de Here Comes Your Man, de Monkey Gone To Heaven et de Hey, le punk-rock débridé sur Debaser et sur Crackity Jones, et le post-punk incandescent sur Wave Of Mutilation ou sur Mr. Grieves. Les hurlements de Frank Black et le jeu de basse de Kim Deal sont au sommet de leur art, l’entente est encore au beau fixe et la complémentarité raisonne comme une évidence. Ces quinze morceaux posent ouvertement les bases du mouvement grunge et du noisy-rock des années 90. Des mastodontes de la scène rock, comme Nirvana, Radiohead ou Weezer, citent alors les Pixies comme source d’influence. Des hordes de combos alternatifs puiseront ensuite inlassablement leur inspiration de cette poignée de chansons devenues mythiques.

Malgré son immense héritage et son omniprésence dans les listes des meilleurs albums de tous les temps, Doolittle n’aura finalement pas l’impact commercial qu’il aurait mérité. Par la suite, après cinq opus de très haut niveau, les égos surdimensionnés de Franck Black et de Kim Deal auront raison de la carrière sans fautes de ces géants du rock.

Pour le plus grand bonheur des fans le groupe est aujourd’hui réformé, sans la bouillante Kim Deal mais avec l’Argentine Paz Lenchantin, et a sorti cette année son meilleur opus depuis sa reprise d’activité en 2004, Doggerel.

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